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Un crissement de pneus bien particulier marquait l'entrée de la voiture dans les immensités du domaine familial. Je tourne doucement à droite pour m'arrêter net devant les premières marches des escaliers maculées du rouge vif du tapis par lequel les dignitaires et membres de la famille pénétraient dans les entrailles du beau monstre qu'était cette demeure.

Je me précipite pour sortir et ouvrir la portière arrière où siégeait Mademoiselle. Elle descendit avec classe, comme d'habitude. Puis elle avala goulûment et d'une façon très soignée les marches et disparut derrière les immenses portes de ses quartiers. Elle avait cette manie incroyable d'allier le sauvage et l'élégance dans ses actions ; ce qui la rendait, à mes yeux, très différente des autres jeunes femmes issues de son milieu.

Je referme la porte et retourne m'installer sur mon siège. Un coup d'œil au rétroviseur, un petit sourire un peu forcé, pour me convaincre que j'ai fait du bon boulot. Avec délicatesse, je démarre la voiture et la stationne à quelques mètres devant, auprès des autres pièces de la collection que possédaient le maître des lieux.

Et me voilà sorti de l'immense bloc que constituait le parking. Un vrai gigantesque hangar très moderne à la dimension d'un colisée, et pouvant abriter non loin de cinq cents voitures. Et dire que maintenant j'en connais pratiquement tous les recoins !
J'enfile rapidement ma veste et fais balader mes mains dans mes poches pour en tirer un mégot afin de rompre le silence si bruyant de cette nuit. Pourtant, j'arrivais parfois à entendre les mélodies du crépitement de la lumière des étoiles, mais ce soir l'air semblait assez lourd pour paralyser le déplacement de ces ondes sonores dont j'avais eu le secret de distinguer lors des nuits bien étoilées.

Mes doigts atteignirent enfin ce petit paquet parallélépipédique envers qui je suis d'une fidélité sans équivoque. Je traverse la devanture de la grande propriété pour me diriger vers le portail où les quelques bas-reliefs sculptés sur du marbre réfléchissaient le scintillement de ces astres que je n'entendrai pas cette nuit. A peine le portail franchi, je sortis une cigarette et en un bon connaisseur, j'allume de façon rapide et bien élégante mon excitant-calmant. Par une soirée pareille, il me faut bien ce bâtonnet afin de me réchauffer, tout en sachant l'état dans lequel j'asservissais mes poumons. Je lève les yeux vers le ciel, inspire fortement et mets mes écouteurs pour me laisser caresser par les belles symphonies de Mozart, Beethoven et Vivaldi.

Encore une soirée sans un seul "Merci !", me dis-je en souriant du coin des lèvres. Peu importe, je suis payé pour faire mon travail, et non pas pour recevoir des compliments. Tout compte fait, c'est bienvenu, car il est de la nature de l'homme complimenté, de souvent se reposer sur ses lauriers. Les louanges appartiennent au Seigneur. Ma pénitence d'Ici-bas ne mérite aucune chanson de gloire, ni de jolis mots tressés avec les fils de la flatterie. Car mine de rien, cette dernière est un péché aussi bien pour celui qui le profère que pour celui qui l'accepte.

Ce que je ne savais pas, c'était que Mademoiselle, en regagnant ses appartements, refermait toujours la porte avec un sourire de satisfaction. Elle se libérait de ses vêtements et se couchait avec pour seul habit sur le corps, la fébrilité du lendemain [...]

J'accélère un peu le rythme de mes pas pour arriver rapidement à la maison, afin de prendre une douche et de préparer encore à l'arrache mes cours du lendemain, avant de m'affaler sur mon lit, qui d'ailleurs ne me trouve guère sympatique...




  © Da Prince

© Da Prince
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